Hélène Bléhaut

Carnaval, masques, rythmes obsédants, tcha-tcha fidèle, tambour tenace, ivresse, sueur salée, corps se coulant, spots aveuglants, transes, t-shirts tournants, (...) clopin-clopant bourrés sur un air de Vwadezil, voir des îles et — boire —, des îles tropicales, Tropico, trop, trop mortel… Mortel le câble qui traîne à haute tension, 'tention un mec prend feu, feu d'artifice du feu de dieu, si Dieu le veut, en veux-tu des rumeurs, rumeurs alarmées de la foule en panique, nique la foule on s'en fout, devenus fous, nus devant ce trente-trois tonnes sans freins, sang, cervelle, os, cours, sans issue de secours… (...)

Texte (extraits) et photoreportage publiés dans la revue Gros Gris n°1 (novembre 2015), accompagnés d'un article sur le carnaval haïtien en 2015 coécrit avec M. Périvier, doctorante en anthropologie.
En janvier 2016, un an après, le deuxième tour des élections présidentielles est reporté sine die. Le candidat de l'opposition refuse de participer à des élections vraisemblablement truquées, face au candidat issu du parti du pouvoir en place. Le carnaval se prépare donc une fois de plus sur fond de tensions extrêmes au sein de la société haïtienne.

2015

Joueur de kwachi de Tabou Band, dans le parcours carnavalesque du 16 février 2015.

Fans de Tabou Band, une bande à pied du quartier de Christ-Roi, à Port-au-Prince. Les bandes à pied sont des orchestres déambulatoires typiques de la culture haïtienne.

Vue sur la foule entre deux chars de DJ dans la parade en fin de soirée. Les tribunes de bois — comme les chars — sont peintes à la main aux couleurs des entreprises qui les sponsorisent - téléphonie, rhum, ministères...

Horde de fans au sommet du char de Carimi, un groupe de konpa haïtien très populaire. Le comité carnavalesque attribue les chars chaque année à des groupes phares de la scène haïtienne.

Foule en transe au passage des chars musicaux. Le bruit des bafles est assourdissant.

Étudiants de l'ENARTS (École Nationale des Arts) lors de la marche en blanc en hommage aux victimes du 17 février. Pendant la nuit, un chanteur a été électrocuté par un câble électrique au sommet d'un char pendant sa prestation, ce qui a provoqué un mouvement de foule meurtrier.

Cuivres de Tabou Band, fidèles au poste pour la commémoration.

Joueur de sousaphone de la fanfare du palais national, au crépuscule, après sa performance dans le défilé d'hommage aux victimes de l'accident.